PHOTOGRAPHIES
Dans mes films, j’aime réaliser de longs plans fixes où le spectateur est libre de laisser circuler son regard. Cette manière de filmer a trouvé son prolongement naturel dans la photographie.
Lorsque j’arpente un nouveau territoire, je le fais très systématiquement. Je repasse plusieurs fois, plusieurs jours, aux mêmes endroits sans rien chercher de particulier. Je me laisse imprégner par les lieux, leur banalité, leur quotidienneté. Puis je me demande ce qui donne une impression de naturel à un endroit ou, au contraire, ce qui retient l’attention en apparaissant comme artificiel.
Ce sont souvent les arbres qui déclenchent mon envie de prendre une photo. Naturels par essence – ce sont des arbres – la fausse note qui parfois émane d’eux vient de l’incongruité de leur présence dans certains lieux.
À travers eux, je m’interroge sur mes racines, sur notre appartenance à un sol, à un endroit.
À partir de quel moment peut-on se dire de quelque part ?
Quand ne dénote-t-on plus dans le paysage ?
SENTIER DES ARBRES
A la demande du Parc naturel régional du Vexin,
je photographie sur quatre saisons les arbres du Sentier des arbres de Courcelles sur Viosne.
Il s’agit de documenter les différentes essences d’arbres
qui se trouvent sur ce sentier de randonnée,
leurs bourgeons, fruits, fleurs, feuilles, écorces, et leur mutations au cours des saisons.
Je photographie aussi le lieu, le milieu, où ils ont été plantés ou sont apparus naturellement.
Très vite, mon regard est attiré par la végétation des haies,
et celle, spontanée, qui pousse le long du chemin.
DU VERT ! Série en cours
LA NOUE - PREHISTOIRE - Série en cours
J’ai grandi à Cergy, une ville nouvelle, dans les années 70.
Lorsque j’ai emménagé il y a quatre ans à Montreuil, dans le quartier de La Noue, m’est revenue une émotion liée à mon enfance.
Ces endroits se ressemblent. Ils ont été construits à la même période. Ils sont, surtout, le reflet d’une utopie.
Je ressens l’attention qui a été portée à ce lieu. Je lis dans les parterres en ruine, les traces laissées au sol par d’anciennes sculptures en béton, le soin avec lequel ils ont été pensés.
J’y vois le souvenir de temps plus anciens, de ce qui aurait pu être des temples mayas ou l’influence d’une civilisation extra-terrestre.
Avant que l’on dise de cette cité qu’elle est « délaissée, bruyante, violentée, maltraitante et maltraitée » (Marielle Massé - Nos cabanes), avant que n’y résonne le bruit et la fureur du film de Jean-Claude Brisseau, on y a rêvé.
C’est de cette histoire des débuts, cette pré-histoire, dont j’ai envie de témoigner.